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Des bits en papier

par | Mar 24, 2016 | Culture et Société, Innovation |

Vous êtes plutôt Pléiade ou Kindle ? Aquarelle ou Photoshop ? Stylo-plume ou stylet ? S’il est un domaine où le passage au numérique déchaîne les passions, c’est bien celui du papier et de l’édition. Pour les uns, rien ne remplacera jamais le confort de lecture et le plaisir des pages imprimées ; pour les autres, le livre en papier vit ses dernières heures et sera bientôt intégralement remplacé par des pixels. Comme toujours dans ces luttes très polarisées, il nous arrive de rêver à des ententes secrètes, des possibilités de réconciliation fertile entre les écrans et les pages imprimées. Le Dôme, tenu par Relais d’Sciences à Caen, m’a sollicité sur le thème papier & numérique, et j’ai ainsi eu l’opportunité de faire émerger de tels dispositifs dans les cerveaux d’adultes et d’étudiants venus à la MRI les 27 et 28 février 2016. Nous sommes même allés nettement plus loin…

 

À l’occasion du festival Impressions Multiples, dédié aux nouvelles formes d’édition contemporaine, la MRI a organisé deux jours de workshops Living Lab. Au programme : génération d’idées, création et représentation de scénarios d’usage, puis fabrication de prototypes en tous genres… Le Fab Lab de la MRI était bien présent, ajoutant à son arsenal usuel de fabrication (imprimante 3D, découpe laser…) des outils spécifiques pour le thème papier & numérique : encre connectée Bare Conductive, cartes Makey Makey ou Touch Board. En plus de ces éléments de prototypage, Jérémy Laviole présentait PapArt, une technologie qu’il a développée à l’INRIA à Bordeaux. Si PapArt avait pour premier objectif de faciliter le dessin en suivant le patron d’une image projetée sur une feuille de papier, le dispositif s’est considérablement enrichi. Projections d’images sur la feuille, détection des mains de l’utilisateur, interactions avec les doigts rendant la feuille « tactile », interactions avec les dessins effectués par l’utilisateur, différenciation des couleurs… PapArt possède aujourd’hui tout un arsenal d’outils de réalité augmentée, transformant une simple feuille de papier en un objet plus fascinant et réactif qu’un iPad. Les usages de PapArt sont encore en construction : « Ce genre de workshop, c’est exactement ce qui me permet de comprendre dans quelle direction je dois avancer ! » confiera Jérémy Laviole à l’issue des deux jours.

 

Car c’est bien un nouveau type de médiation scientifique qui était proposé à travers l’approche Living Lab. Comme le résume très bien cet article de François Millet, la particularité de ce type de dispositif est que c’est « pour de vrai ». Tout est pour de vrai. Les dispositifs ? Pas d’expo ou de jeu, mais de réels dispositifs de recherche ou des innovations développées par des entreprises. Les intervenants ? Des chercheurs, designers, techniciens ou facilitateurs professionnels. Les activités proposées au public ? La création de nouveaux usages et de nouveaux dispositifs pour nourrir et influencer les institutions associées (le laboratoire Potioc de l’INRIA, l’entreprise Hamelin). Non seulement cette approche prend au sérieux les adultes et jeunes adultes participants (aucune infantilisation de la science, parfois reprochée à la culture scientifique), mais elle ouvre la voie vers de nouveaux modèles économiques.

 

Question éthique immédiate : avons-nous « vendu » le public d’une institution culturelle à une entreprise ? Non. Avons-nous « vendu » leurs idées, leurs perceptions, leurs usages ? Oui. Est-ce un mal ? Non, si certains garde-fous sont présent, et en particulier :

 

  • Les participants sont libres de venir poursuivre le travail sur leur prototype quand ils le veulent : leurs créations n’appartiennent en aucun cas à l’entreprise commanditaire.
  • L’entreprise commanditaire possède une « avance » : ayant participé aux deux jours, elle connait les idées générées avant tout potentiel concurrent. En revanche, elle ne possède pas d’exclusivité, et les idées vont ensuite se répandre et se partager.
  • Le dispositif de l’entreprise commanditaire n’est pas le seul présent, ce qui évite de transformer l’offre culturelle en une grande opération de communication commerciale.
Quel a été l’impact de ces deux jours ? Tout d’abord la création d’une douzaine de prototypes, du cahier tactile facilitant l’apprentissage de la lecture à la carte de visite sonore, en passant par le flip-book qui génère un film YouTube ou le cahier qui envoie votre message vers Twitter, Instagram ou Facebook… suivant la couleur de votre stylo. Surtout, ces deux jours ont représenté une expérience de création inédite pour les participants, et la découverte de nouvelles pistes, plus pertinentes, pour la start-up de Jérémy Laviole et le Groupe Hamelin.

 

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